La biodiversité marine
Des écosystèmes très diversifiés
Sur une superficie de 48 900 km2, le Parc naturel marin de Martinique intègre la totalité des habitats marins de l’île : herbiers, mangroves, récifs coralliens, ilets, plages et grand large où de nombreuses espèces évoluent d’un milieu à l’autre. L’ensemble de ces écosystèmes sont interconnectés les uns aux autres, garantie de leur sauvegarde et bon état.
Les herbiers
Couvrant près de 50km2, les herbiers sont des réserves de biodiversité où l’on retrouve plus de 65 espèces de poissons ainsi que des espèces emblématiques ou protégées telles que les lambis, hippocampes, oursins blancs et tortues vertes. Ils remplissent également de nombreuses fonctions importantes dans le système côtier : oxygénation de l’eau, stabilisation du substrat, réserve de nourriture pour les oursins et tortues, habitat ou nurserie pour certaines espèces comme les langoustes royales.
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Les communautés coralliennes
7 familles de coraux constructeurs de récifs, regroupant 16 espèces différentes, sont protégées en Martinique. Du fait de leur grande hétérogénéité spatiale, de multiples types d’abris et de sources de nourritures permettent à une biodiversité très variée de s’y installer. On y retrouve en effet de nombreuses espèces de poissons : perroquets, mérous, chirurgiens …, des mollusques, ou encore des tortues imbriquées qui viennent s’y nourrir. De plus, ils protègent les côtes de l'action destructrice des vagues en période cycloniques mais aussi de l'action érosive de la houle.
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Les mangroves
Interface entre la terre et la mer, les mangroves sont des forêts semi-immergées qui sont constituées de cinq espèces de palétuviers, seuls arbres à pouvoir supporter un fort taux de salinité. Elles recouvrent une superficie de près de 22km2 où se retrouvent de nombreux poissons, éponges et juvéniles qui trouvent refuge et nourriture au creux des racines en forme d’échasses des palétuviers rouges, concentrés dans les zones de bord de mer. En plus de ces fonctions, elle joue un rôle écologique capital en formant des bassins de décantation naturel qui filtre les eaux des rivières et contribue à limiter l’érosion des côtes du fait de sa résistance aux fortes houles.
Les ilets, falaises rocheuses et plages
Les ilets et falaises rocheuses isolées sont des zones reposoirs ou de nidification pour les oiseaux marins. Du fait de leur isolement, une flore spécifique et peu répandue s’y développe. Les plages, quant à elles, sont des lieux de pontes privilégiés des tortues marines, ainsi que des zones d’alimentation pour certains oiseaux.
Le large
Couvrant une superficie de 48 900 km2, le Parc naturel marin de Martinique s’étend loin au large où ont été recensés une quinzaine de grands poissons pélagiques, plusieurs espèces de requins et plus d’une vingtaine d’espèces de cétacés. Encore peu explorés, les écosystèmes du large posent de nombreuses questions liées à la pollution, les espèces migratrices et leurs trajectoires, la dispersion des larves, etc.
Des espèces emblématiques mobiles entre les différents écosystèmes
Certaines espèces marines évoluent entre plusieurs écosystèmes et parfois plusieurs régions du globe pour se nourrir et se reproduire. Leur maintien dépend alors du bon état écologique de l'ensemble des habitats qui constituent leur milieu de vie.
Les tortues marines
5 espèces de tortues marines fréquentent les eaux de la Martinique. Les plus communes sont les tortues vertes qui se nourrissent d'herbiers et les tortues imbriquées qui préfèrent les éponges et vivent plutôt au milieu des récifs coralliens.Cette dernière investit les plages de l'île pour y déposer ses oeufs, de même que la tortue luth, grande migratrice qui trouve sa nourriture dans les eaux tempérées du globe, jusqu'aux régions boréales et se reproduit sur les plages tropicales. Tous les deux à trois ans, elle effectue ainsi une migration de plusieurs milliers de kilomètres et ne fréquente la Martinique qu'en période de ponte, de mars à juillet. La tortue olivâtre et la tortue caouanne sont, quant à elle, très rarement observées.
La baleine à bosse
La baleine à bosse figure parmi les espèces migratrices les plus emblématiques des côtes martiniquaises. Présente dans les eaux de l'île de janvier à juin, elle s'y reproduit et y met bas avant de migrer vers l'Atlantique Nord.
Le poisson perroquet
Le poisson perroquet partage sa vie entre la mangrove, les herbiers, les récifs coralliens et les zones sableuses. Il doit son nom à ses dents soudées en forme de bec. A l'âge adulte, Il passe ses journées à brouter les algues filamenteuses qui poussent sur les rochers et coraux morts. En s'alimentant ainsi, il broie les morceaux de coraux qu'il rejette dans ses déjections sous forme de sable, favorisant de ce fait, la formation de sable corallien aux alentours des récifs.
Le lambi
Le lambi, lobatus gigas, est un gastéropode que l’on retrouve dans la zone Caraïbe. Il est présent jusqu'en Floride ainsi que sur les côtes de certains pays d'Amérique du Sud, comme le Mexique ou le Vénézuela.
Il habite au cœur d’une coquille, dont l’intérieur est recouvert de nacre, qui grandit en même temps que le corps mou grossit. Il vit principalement, jusqu'à 40 mètres de profondeur, sur les herbiers qui sont sa nourriture de prédilection et sur des fonds sableux dont il ingère les déchets organiques, nettoyant ainsi son environnement.
Deuxième ressource en valeur de pêche après la langouste aux Antilles, la question de la gestion durable de sa pêche se pose actuellement.
Aujourd'hui, en Martinique, la pêche au lambi est interdite durant sa principale phase de reproduction, du 1er janvier au 30 juin.
Les oiseaux marins
25 espèces d'oiseaux marins ont été recensés sur l'île dont sept font leurs nids sur les falaises et ilets. Il s'agit de la sterne de Dougall, du puffin d'Audubon, du nodi brun, de la sterne fuligineuse, de la sterne bridée, du paille en queue à bec rouge et du paille en queue à bec jaune. Ces espèces pélagiques ne viennent à terre que pour s'y reproduire. Le succès de leur reproduction en Martinique est donc lié à la qualité des milieux terrestres et marins qu'ils vont y trouver.
Des espèces invasives
Le milieu marin, soumis à des pressions humaines de plus en plus fortes subit de nombreux bouleversements tels que la raréfaction de la biodiversité, la pollution des eaux, la dégradation des fonds… mais aussi la prolifération d’espèces invasives comme les sargasses et les poissons lions.
Le poisson lion
Deux espèces de poissons lions, originaires de la région indopacifique, sont arrivés dans les Caraïbes dans les années 1990. Sans prédateurs, ils se sont rapidement multipliés et sont devenus une menace pour le bon équilibre de la biodiversité marine.
Les sargasses
Les sargasses, sont des algues naturellement présentes dans la région. Cependant, depuis 2011, des échouages massifs sont observés sur les côtes de la Martinique, posant ainsi de nombreux problèmes sanitaires, écologiques et économiques.
L’accumulation excessive d’algues dans certains secteurs côtiers entraine de manière localisée une dégradation de la qualité de l’eau et une asphyxie du milieu, conduisant à la dégradation des herbiers de phanérogames qui s’y trouvent confrontés et avec eux, du cortège d’espèces qui les peuplent. Sur les plages, elles peuvent également constituer un obstacle pour les tortues marines qui viennent y pondre, et plus encore pour les nouveau-nés qui peinent ainsi à regagner la mer.
Ces échouages sont également une contrainte pour les activités économiques en lien avec le milieu maritime, notamment la pêche, le tourisme… Enfin, ils posent un problème sanitaire, puisque la décomposition des algues libère du sulfure d’hydrogène, gaz toxique dont l’inhalation prolongée ou à forte dose peut entrainer des problèmes de santé voir être mortelle.
Face à ce phénomène, de nombreuses hypothèses ont été émises pour tenter d’expliquer ces invasions soudaines. Les activités humaines et les conséquences du changement climatiques en sont très certainement à l’origine. Celles qui s’échouent massivement en Martinique proviendraient du Nord du Brésil et remonteraient vers l’arc antillais au gré des courants.